Juin 2013 | Vol. 4 | N°2

L’innovation favorise-t-elle toujours l’apprentissage en entreprise?

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L’intérêt des dirigeants d’entreprises pour la formation ainsi que leur implication et une bonne communication comptent parmi les conditions qui ont un impact positif sur le développement des compétences en milieu de travail. L’innovation, par contre, joue un rôle en demi-teinte. Célébrée comme une manière efficace de stimuler le désir d’apprendre, elle peut toutefois freiner l’enthousiasme, si elle atteint un rythme effréné, comme l’illustre la réaction de travailleurs coréens.

Des travailleurs coréens sous la loupe des scientifiques

Pour comprendre les facteurs qui favorisent l’apprentissage informel, deux chercheurs coréens, Ki Seok Jeon et Kyung-Nyun Kim, se sont appuyés sur des données recueillies par le Ministère du travail de la Corée du Sud et par le Korean Research Institute of Vocational Education and Skill Training auprès de quelque 2 000 employés de plus de 450 organisations sud-coréennes en 2007.

Certains résultats arrivent sans surprise, notamment lorsque liés à la nature des tâches à accomplir. Ainsi, des activités peu routinières et peu répétitives ou encore un travail satisfaisant qui permet le développement de compétences jugées utiles ont une influence positive sur l’apprentissage informel en milieu de travail.

Les facteurs organisationnels ont aussi un impact. Tout d’abord, un leadership fort, voué au développement des ressources humaines, mais aussi une communication ouverte, un facteur particulièrement important pour faciliter l’échange d’informations entre collègues et la rétroaction constructive entre pairs. Ces constats, attendus, sont particulièrement remarquables dans le cas de deux types d’apprentissage informel : par interaction et par l’action.

Un résultat, toutefois, étonne. L’innovation n’a pas l’impact positif attendu. Elle ne représente pas une source d’inspiration pour les employés qui seraient, croyait-on, plus motivés à apprendre dans un tel contexte. À la recherche d’explications, les auteurs rappellent des travaux antérieurs qui indiquent que trop d’emphase sur l’innovation dans une organisation risque d’induire un manque de confiance de la part des employés qui seront ainsi de plus en plus sur la défensive. Et un sondage, paru en 2010 dans un des grands journaux coréens au sujet du degré de fatigue des employés, indique par ailleurs que 55% d’entre eux avaient une opinion négative quant aux activités innovantes menées par leur entreprise.

Les chercheurs remarquent aussi que l’innovation est parfois considérée par les employés comme une manière d’accentuer l’individualisme et de recevoir des gratifications selon les performances individuelles. Or, les travailleurs coréens semblent préférer les activités de groupe et s’appuyer sur la conscience collective.

Des études plus poussées sur cette question devront être menées pour mieux comprendre l’impact réel de l’innovation sur la qualité de l’apprentissage en milieu de travail.

Références

Ki Seok Jeon & Kyung-Nyun Kim (2012), How do organizational and task factors influence informal learning in the workplace?, Human Resource Development International, vol. 15, no 2, 209-226.

Extrait

Célébrée comme une manière efficace de stimuler le désir d’apprendre, l’innovation peut toutefois freiner l’enthousiasme des travailleurs si elle atteint un rythme effréné, comme l’illustre la réaction de travailleurs coréens. On se questionne.

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