Septembre 2012 | Vol. 3 | N°3

Premier baromètre européen du e-learning

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Ce premier baromètre européen du e-learning a été réalisé par trois firmes Cross Knowledge, Féfaur et Ipsos, dans six pays, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

L’objectif de ce baromètre1) est de mettre en perspective l’évolution du e-learning comme stratégie de formation dans les entreprises européennes. Comme on pouvait s’y attendre, ce mode de formation est en pleine croissance. Tout d’abord, au sein des entreprises qui l’adoptent, l’usage s’étend progressivement à un plus grand nombre de salariés et de thématiques de formation. Ensuite, les ressources et les dispositifs e-learning se diversifient. En ce qui a trait aux ressources, si les modules de formation sur mesure, les questionnaires en ligne et les modules sur étagère ont toujours la cote, on assiste à une sérieuse montée des espaces collaboratifs du web 2.0. Quant aux dispositifs, si le blended learning prédomine encore, le e-learning sans tutorat et en libre accès a de plus en plus la faveur d’apprenants qui privilégient l’auto-formation. Enfin, concernant les attentes des entreprises à l’égard du e-learning, elles y voit le moyen de faire d’une pierre plusieurs coups : optimiser les coûts de la formation en l’offrant à un plus grand nombre d’employés, là et au moment où ils en ont besoin.

Dans cet article, nous présentons les résultats les plus intéressants de ce baromètre. Le sondage a été mené entre le 8 septembre 2011 et le 7 octobre 2011 auprès de 511 directeurs et responsables de formation d’entreprises qui ont mis en œuvre du e-learning. L’échantillon a été conçu pour permettre les comparaisons par pays, secteur d’activités, taille d’entreprises et antériorité des pratiques de e-learning.

Pénétration du e-learning dans les entreprises

Le taux de pénétration est ici mesuré en pourcentage du nombre de salariés qui ont suivi une formation e-learning dans une entreprise. Un taux fort correspond à plus de 50% de salariés, un taux moyen à 10%-50% salariés et un taux faible à moins de 10% de salariés. Dans l’ensemble, les entreprises européennes se répartissent à peu près également dans ces trois catégories. Cependant, les résultats varient de façon importante selon les pays, le secteur d’activités, la taille des entreprises et l’antériorité des pratiques du e-learning. Voyons cela.

En ce qui a trait à la taille des entreprises, les résultats correspondent à ce que l’on s’attend de la réalité à savoir que la pénétration du e-learning est plus forte dans les grandes entreprises. 

Sur l’antériorité des pratiques, les résultats sont éloquents montrant que l’usage du e-learning s’accroît dans le temps. En effet, c’est dans une proportion de 48% que les entreprises qui ont adopté le e-learning depuis plus de 5 ans affichent un fort taux de pénétration, alors que ce taux n’est que de 10% pour celles qui l’ont adopté depuis moins d’un an.

Quant aux pays, le cas de la France semble particulièrement préoccupant avec seulement 17% d’entreprises qui affichent un taux élevé de pénétration du e-learning. Ce taux est si faible que les auteurs se demandent si les formations e-learning intégrées dans les formations mixtes ont été prises en compte par les répondants français; le blended learning étant très prisé dans ce pays. Pour ce qui est de la performance de l’Espagne et des pays du Bénélux (Belgique et Pays-Bas), elle serait attribuable à des avantages fiscaux qui encouragent les entreprises à investir dans ce mode de formation depuis les années 2000.

Enfin, un autre résultat intéressant c’est l’avancé du secteur des services dans l’utilisation du e-learning avec 43% des entreprises dont la moitié du personnel a suivi une formation de ce type. À l’opposé, le secteur de la fabrication accuse du retard mais cela est compréhensible, disent les auteurs, en raison de l’organistion du travail et des équipements qui ne favorisent pas le développement du e-learning en milieu industriel.

Les champs d’application du e-learning

Les formations métiers prédominent nettement (67%) et, précisent les auteurs, c’est aussi le thème principal des contenus e-learning développés sur mesure. Quant à l’hygiène et la sécurité et la mise en conformité qui sont en partie liés, ce sont des thèmes privilégiés du e-learning, tout comme l’informatique et la bureautique.V3-N3-A02-T02

Une comparaison des résultats globaux (figurant sur les barres) avec ceux des entreprises qui pratiquent le e-learning depuis plus de 5 ans (colonne de droite) permet de déceler les thématiques qui se développent en premier et qui se stabilisent versus celles qui se développent ultérieurement au fur et à mesure de l’implantation du e-learning. Cette analyse permet aux auteurs d’observer « une montée en puissance » de certaines thématiques, dans l’ordre : les langues, les formations commerciales, la communication et le développement personnel et le management, leardership.

Les ressources du e-learning

Les ressources du e-learning les plus utilisées sont les modules sur mesure et les questionnaires en ligne, ressources que les entreprises comptent bien intensifier au cours des deux prochaines années.

Mais la surprise, selon les auteurs, c’est l’importance de l’utilisation des espaces collaboratifs et des videocasts et la volonté des entreprises d’intensifier ces modalités à court terme. « Sans doute, précisent-ils, faut-il y voir là la reconnaissance des applications 2.0 plébiscitées par la génération Y et de leurs impacts en termes de capitalisation du savoir et d’échange des bonnes pratiques ».

Les dispositifs du e-learning

Le blended learning est de loin le dispositif le plus utilisé par les entreprises (76%) et elles en sont satisfaites puisqu’une bonne proportion d’entre elles comptent en intensifier l’usage à court terme. Et cette tendance est observable dans tous les pays investigués.

Les deuxième et troisième dispositifs en tête sont la prescription de contenus e-learning sans tutorat (58%) et la mise à disposition d’une librairie de contenus en libre accès (49%); des dispositifs misant sur l’auto-formation. Ce résultat traduit une évolution certaine des contenus (plus riches) et des supports (plus stables) de la formation en ligne, mais aussi de la maturité des apprenants qui préfèrent aller chercher les connaissances dont ils ont besoin, au moment qui leur convient. « On est loin, disent les auteurs, du motif évoqué, il y a dix ans, pour expliquer l’échec du e-learning à savoir le défaut d’accompagnement des apprenants. »

Les objectifs du e-learning

Une question portait sur les objectifs que poursuivent les entreprises en recourant au e-learning comme stratégie de formation. Les résultats montrent qu’elles sont préoccupées par les « avantages opérationnels » de même que les « bénéfices intrinsèques » du e-learning : « baisse des coûts, élargissement des cibles et des territoires, l’accès en juste à temps ».

Notes

  1. Un baromètre est une étude, réalisée par sondage, répétée à intervalles réguliers dans le temps, pour analyser l’évolution d’un phénomène.

En savoir plus

Nous avons présenté que quelques résultats. Pour en savoir davantage, nous vous invitons à télécharger ce premier baromètre du e-learning en Europe.

Extrait

Voilà des chiffres qui illustrent le propos de Pierre Tousignant (article précédent) sur l’évolution du e-learning. Outre la croissance de ce mode de formation dans les entreprises européennes, deux phénomènes sont dignes de mention : la montée de l’usage des ressources du Web 2.0 et des dispositifs d’auto-formation.

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