Juin 2010 | Vol. 1 | N°1

Évolution de la formation continue dispensée par les entreprises en Europe

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Les chiffres de la troisième enquête européenne sur la formation professionnelle continue (CVTS3)  font état d’un ralentissement de l’effort de formation dispensée par les entreprises européennes à leurs salariés entre 1999 et 2005.

L’enquête européenne sur la formation professionnelle continue dans les entreprises (CVTS) est conduite tous les six ans. Cette enquête est la seule source de données internationalement comparables sur le volume, le contenu, les coûts et la gestion de la formation dans les entreprises. La dernière enquête (CVTS3, par rapport à CVTS2 en 1999 et CVTS1 en 1993), conduite en 2005 auprès des membres de l’UE plus la Norvège, a été réalisée auprès de 100 000’ entreprises de 10 salariés ou plus, dans tous les secteurs sauf  l’agriculture, la pêche, les activités extractives,  l’administration publique, la santé, l’éducation et les services aux ménages.

L’enquête européenne CVTS a élaboré un index composite de la formation en entreprise en combinant quatre indicateurs :

  • Incidence : proportion d’entreprises ayant formé au moins un de ses salariés quelque soit la forme de formation continue proposée,
  • Participation : proportion de salariés ayant participé à des cours de formation continue,
  • Intensité : le nombre d’heures de cours de formation continue par millier d’heures travaillées,
  • Dépenses : dépenses de formation continue rapportées à la masse salariale brute.

Sur cet index, les pays les plus performants sont le Danemark, la France, la Suède et la République Tchèque, puis le Luxembourg  et la Slovénie. Or parmi ces pays, seuls la République Tchèque, la Slovénie et le Luxembourg ont accru leur performance entre 1999 et 2005, alors que la France et la Suède, malgré un score encore élevé, ont vu leur performance décroître. De façon générale, les nouveaux États membres ont amélioré leur performance sur cette période, alors que ce n’est pas le cas des anciens États membres. De plus, l’amélioration de la performance des premiers n’a pas compensée la chute des seconds. D’où ce constat d’une certaine stagnation de la formation continue dans les entreprises européennes.

Au Canada, selon une enquête similaire l’EMTE, le pourcentage d’entreprises formatrices était en 2001 respectivement de 56% au Canada et de 48% au Québec ; les données de 2005 montrant une légère baisse de 2 à 3%, à l’instar des pays européens. Sur l’indicateur de l’incidence, soit les « entreprises formatrices », le Canada et le Québec se positionnent entre les pays moyennement et peu performants.

Résultats de l’enquête européenne CVTS 2005

Pays les plus performants en 2005

Pays

Incidence

Participation

Intensité

Dépenses

Danemark

85%

35%

9

1,7

France

74%

46%

8

1,4

Suède

78%

46%

10

0,9

République Tchèque

72%

59%

8

0,9

Luxembourg

72%

49%

9

0,8

Slovénie

72 %

50%

8

0,9

 

Pays moyennement performants en 2005

Pays

Incidence

Participation

Intensité

Dépenses

Autriche

81

33

5

0,8

Finlande

77

39

6

0,8

Pays-bas

75

34

8

1,0

Allemagne

69

30

6

0,6

Estonie

67

24

4

1,0

Belgique

63

40

9

0,6

Slovaquie

60

38

7

0,8

Malte

46

32

7

0,9

 

Pays les moins performants en 2005

Pays

Incidence

Participation

Intensité

Dépenses

Chypre

51

30

4

0,9

Espagne

47

33

5

0,6

Lituanie

46

15

3

0,7

Portugal

44

28

4

0,5

Roumanie

40

17

3

0,7

Lettonie

36

11

2

0.3

Pologne

35

21

5

0,7

Italie

32

29

5

0,6

Bulgarie

29

15

3

0,7

Les petites entreprises forment moins que les grandes

Le pourcentage d’entreprises formatrices varie selon la taille des entreprises. Au Royaume-Uni, 89% des entreprises de 10 à 49 sont des entreprises formatrices, comparativement à 96% pour les grandes entreprises (250+ employés), alors qu’en France, 69% des PME sont des entreprises formatrices comparativement à 100% des grandes organisations. En Espagne, il s’agit de 42% des PME et 90% des grandes entreprises.

Au Canada, toujours selon l’EMTE-2001, le pourcentage d’entreprises formatrices au Canada varie aussi selon la taille des entreprises, allant de 51% dans les entreprises de moins de 20 employés à 82% dans les entreprises ayant de 20 à 40 employés, à 98% dans les entreprises de 100 employés et plus.

Nous sommes encore loin d’une gestion stratégique de la formation

La principale raison donnée par les entreprises européennes qui investissent peu en formation est qu’elles n’en voient pas la nécessité immédiate (60% de ces entreprises) et qu’elles réussissent encore à répondre aux besoins de nouvelles qualifications en embauchant de nouveaux employés (42%). Les facteurs coûts et temps disponible viennent en second lieu. Ces résultats montrent qu’en matière de formation, les entreprises demeurent réactives plutôt que proactives, opportunistes plutôt que stratégiques; des comportements de plus en plus inappropriés dans le contexte d’une économie basée sur les connaissances.

Les politiques publiques ont peu d’effets sur les pratiques de formation des entreprises

Qu’en est-il des programmes et mesures publiques pour inciter les entreprises à offrir davantage de formation à leurs employés, telles que les subventions à la formation, les abattements fiscaux au titre des dépenses de formation, les services conseils financés par les fonds publics, les procédures garantissant le respect des normes de formation et la mise en place de cadres et de normes reconnus de qualification et de certification?

Les résultats montrent des effets inégaux. Par exemple, les incitations n’ont pas d’effets sur les entreprises non formatrices  (elles le demeurent malgré les incitations), tandis qu’une faible proportion des entreprises déjà formatrices (36%) déclare que leurs plans, politiques et pratiques de formation ont été influencés par au moins une des mesures mises en place. En outre, les grandes entreprises et les moyennes profitent davantage des mesures que les plus petites, etc.

Phénomène intéressant dans ce tableau sombre : les entreprises dites « formatrices occasionnelles » utilisent davantage les mesures. Peut-être devrait-on revoir les politiques de façon à cibler ces entreprises pour les amener à développer une offre de formation plus régulière, s’interrogent les européens.

En terminant, disons que les résultats de cette enquête semblent peu encourageants pour les européens qui, fortement ébranlés par la crise, misent par ailleurs sur l’éducation et la formation pour en sortir.

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Extrait

Les chiffres de la troisième enquête européenne sur la formation professionnelle continue (CVTS3) font état d’un ralentissement de l’effort de formation continue des entreprises européennes entre 1999 et 2005.

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